mercredi 20 juillet 2011

Lecture du moment

Voila, s'en est fini du Horla et de Maupassant, et que n'ai-je aimé cet ouvrage ! Ces écrivains et penseurs de la fin du XIXème siècle représentaient le dernier bastion d'une pensée et d'une société dans lesquelles le fantastique, le merveilleux et l'inexplicable se mêlent à la sciences sans pour autant s'y opposer. Le progrès attriste les Hommes en vidant les vieux placards, en affirmant sa rationalité et en réfutant toute fantaisie et toute croyance emprunte de mythe.

Les monstres, les fantômes, les créatures, les folies humaines inexpliquées, les terres reculées, l'inconnu, la crédulité, le courage, la mort ....


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J'en arrive à présent à mes prochaines lectures.




Ophélia

Ophelia


Un jour en Valachie , naquit une enfant, fille de la nuit, fille du sang; Ophelia, c'est ainsi qu'elle s'appelait. Cette nuit-là en Valachie, périt un amant, père d'Ophelia, fils d'Argan; quel pauvre homme il était ! La vie, la nuit est bien tourmentée dans de pareilles contrées. Il n'y a que faire, il n'y a que dire face à tant d'ombre et de noirceur, la volonté s'en trouve égrainée. Au son de la cloche le monde s'agitait, au son de la cloche tout le monde s'enfuyait. C'est ainsi qu'en Valachie, l'on maudit le crépuscule, au nom de l'effroi, au nom des mourants. Une cathédrale fut érigée, Caeleste, en l'honneur des astres, elle devait prévenir du mal et imposer la volonté de son Saint sacré. Ce fut en vain, la nuit tombée, elle s'effondra : Caeleste avait échoué. Grand monarque ou hommes de Dieu, tous furent attristés, non pas par la chute de Caeleste, mais par la futilité de leurs actes et autres serments. Le peuple se détournerait bientôt d'eux, cela ne saurait tarder, ils le savaient. La crédulité l'emportait toujours en Valachie, terre esseulée d'où fuirent les plus hardis. Comment aurait-il pu en être autrement, tant cette région regorgeait de trésors. Paysages idylliques, sol fertile, sources enivrantes, tout était gai. Mais chaque chose à un prix et toutes ces offrandes il fallait les mériter. C'est là ce que se disaient les gens par ici, de cette manière il leur était possible de tout expliquer, de tout justifier, de la naissance d'une enfant dont la vue était à jamais entravée, à la mort d'un père au cœur lourd et à l'âme vaillante. Un mal pour un bien, rien de plus, rien de moins.

Le jour où naquit, en Valachie, Ophelia la douce enfant, ce jour-là fut bénit au prix d'une vie, au prix du sang. Ce qu'est le monde pour un non voyant, aucun d'entre nous ne le sait bien que l'on puisse supposer qu'il regorge de merveilles invisibles. En effet, il devait nous cacher à nous, simples voyants, des visions fabuleuses et des recoins d'antan, sinon où aurait-elle trouvé l'inspiration nécessaire à la création de ses mélodieux enchantements. Sa musique était douce et son chant apaisant, douze années suffirent à parachever son enseignement. Sous ses plus beaux apparats, cet art de l'esprit était capable de redonner goût à la vie à ceux qui étaient prêts à l'abandonner. Ce remède, seule Ophelia pouvait l'administrer, elle disposait d'un don que jamais elle ne rechignait à employer. Quelque fusse l'instrument, il lui suffisait d'improviser, se laissant aller, guidée par les chants de la nature, et les maux disparaissaient. La belle enfant vivait pour les siens, heureuse et insouciante mais elle semblait affectée par le mal qui l'entourait et chaque nuit, alors que tout être censé se barricadait et se réfugiait loin de la noirceur, abrité à la lueur des bougies, elle, emplie de courage et bien décidée à leur venir en aide, elle s'asseyait à la fenêtre et enveloppait la nuit de ses plus beaux chants. Après tout, que pouvait-elle craindre? Ne vivait-elle pas constamment en l'absence de toute lumière? Elle n'avait que faire de la nuit, et bien qu'en Valachie les ombres aient été des plus terrifiantes, Ophelia ne les craignait pas plus qu'elle ne les voyait. Il en était ainsi pour cette fille de la nuit, perdue parmi les démons les plus craints. Des hommes tremblaient, des mères enlaçaient leurs enfants et des héros mourraient pendant qu'elle chantait face à la Lune et au néant. Elle était belle, assise à sa fenêtre, toute frêle, berçant les siens de ses chants.
Un jour malheureusement elle apprit la vérité sur la mort de son père. Ce jour-là, jour de sa naissance, alors que l'accouchement s'était déroulé sans la moindre complication, son père s'aperçut que les yeux de sa pauvre fille étaient dénués de pupilles. Paniqué et ne sachant que faire, il confia la mère et l'enfant à la sage-femme et s'en alla chercher de l'aide parmi les médecins et autres têtes pensantes de la contrée. Perdu dans la nuit, il ne revint jamais. Ophelia ne savait rien de cette histoire, son père n'étant qu'un amant, on lui avait dit qu'il était tombé sur le champ de bataille. La pauvre enfant s'en voulait. Une fille de la nuit, voilà ce qu'elle était, elle aussi avait causé la mort. La nuit suivante périt en Valachie une jeune fille non voyante partie sauver les siens en chantant, une flûte à la main.

Siegfried

mardi 14 juin 2011

Coupable

Coupable il était car coupable il devait être. Ainsi désigné, il lui était devenu impossible de jouir d'aucune tranquillité d'esprit. Au fond de sa cellule, il était devenu méconnaissable. Du jeune homme robuste au prisonnier décharné, il ne fallut que peu de temps. Je le vois encore sur sa chaise, immobile, se flétrissant à chaque instant, s'affaissant et se voutant sous le poids de sa culpabilité. Je peux vous certifier que le spectacle de ce corps meurtri par l'esprit n'égalait en rien celui qu'affichaient ses yeux. Ô mes amis! Si seulement je n'avais croisé ce regard, si seulement je ne m'étais pas perdu dans ces deux globes, livides et embrasés, peut-être n'aurais-je pas douté, peut-être n'aurais-je pas cherché. Il est des regards que vous ne pouvez oublier et celui-ci en fait parti. Il me hante, je le vois dans la nuit, assis à mon chevet, immobile, vouté, me fixant. Il est également là le jour, me suivant où que j'aille, me harcelant quoi que je fasse. Prenez garde! La culpabilité est une maladie bien contagieuse qui vous happe sans la moindre sommation, se faufilant dans votre esprit, semant au passage ses sinistres boniments, prémices d'un mal à venir, un mal aux multiples facettes. L'expiation est peut être ma dernière chance, c'est pourquoi je m'empresse de la saisir, m'administrant ce remède dont voici la prescription.
Je n'avais que faire du sort de ce pauvre fou avant de le rencontrer. Cette visite m'insupportait avant même que je n'eus pénétré dans l'enceinte de la prison, mais je me devais de restituer son témoignage. Sa condamnation n'était basée que sur une seule preuve, une lettre rédigée de sa main dont le destinataire était inconnu, une simple lettre dans laquelle il avouait ses plus horribles méfaits, allant jusqu'à décrire avec une précision d'orfèvre chacun de ses gestes, chacun de ses crimes, chacune de ses délectations. A en croire ses juges, ce vulgaire morceau de papier l'accablait à tel point qu'aucun procès et qu'aucune défense n'auraient pu le faire s'en réchapper. Ne prétendant pas remettre le bien fondé de leur jugement en question, je me permis tout de même d'examiner cet oracle de papier. Je lus et relus cette lettre, mon sentiment n'en resta pas moins confus. Vint alors cette rencontre, vint alors cet horrible regard, semant au plus profond de moi un doute, intense et persistant, qui m'amena à me poser la question à laquelle jamais je ne pus répondre.
« Mon cher ami, c'est avec courage et empressement que je m'adresse à toi. J'ai confiance en ton jugement qui seul saura me montrer la voie, celle du remord et du repenti. Il est arrivé une chose horrible, une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Anna n'est plus. Un mal s'est emparé d'elle, sans pitié aucune, un mal l'a rongé, sans retenue aucune. Je lui ai donné la mort, dans la douceur d'un dernier baiser, l'envoyant à jamais là d'où personne n'est revenu. Mon cher ami, toi seul sais à quel point j'ai pu l'aimer. L'ardeur et la passion enveloppaient notre idylle; nous bâtissions une forteresse de marbre que le Démon lui-même n'aurait pu détruire. Du haut de sa tour, elle enivrait mes sens à chacune de ses vocalises, usant et abusant d'une voix à faire pâlir la plus douce des amantes. Je me serais donné la mort si cela avait pu l'aider, sacrifié sur l'autel funéraire, martyr transi en voie de putréfaction. Mais rien en moi ne pouvait entraver la folle progression de ce mal qui la tenait. Femme attentionnée, abandonnée à mes désirs, elle a vu naître en elle la plus affamée des harpies. Un vent funeste souffla sur les braises de son regard, ravivant les flammes interdites, symboles de son passage de l'autre coté. Combien de fois m'a-t-elle avoué vouloir me dévorer? Combien de fois a-t-elle voulu nous présenter à nos ancêtres?
Vois-tu mon ami, je n'ai jamais cessé de l'aimer, son souvenir me hante, ses chants m'obsèdent et pourtant, je suis son unique bourreau. Ma cruauté est sans pareille et ma honte n'est que le juste prix de ma lâcheté. Ce baiser volé fut le dernier, elle souhaitait m'enlacer, à présent son sang souille mes mains. Son dernier chant ne lui appartenait pas, eux non plus, témoins de sens autrement plus affutés que son esprit. Puisses-tu me comprendre... de sombres silhouettes se dessinaient en son sein, des spectres de l'au-delà, réminiscences diaboliques en quête d'une quintessence depuis longtemps disparue. Anna n'était plus, elle avait laissé place à une démente en proie à d'interminables tourments. Adieu l'amour, adieu l'idylle, elle restera prisonnière de sa forteresse de marbre, perdue, peut-être à jamais.
Un mois s'est déjà écoulé depuis la lame et la terre, un mois de souffrances et de colère, hanté par mon amour, étouffé sous les remords, un mois au cours duquel il m'a fallu l'en détacher. Son doux visage trône à présent sur mon autel et sa chevelure d'or, devenue objet fétiche, ne me quitte jamais. N'y vois là aucun trophée, ce ne sont que les vestiges décharnés, sans vie, de mon Anna. Je l'ai aimé, tu le sais... »
Le pauvre homme n'était plus que l'ombre de lui-même, je supposais l'esprit intact mais rien n'y fit, je ne pus lui arracher aucune parole. Il retenait ses larmes, c'était là tout ce qu'il possédait. Au moment de lui demander quel était ce mal, il a fini par s'en aller. Peut de temps après, à son domicile, nous découvrîmes, soigneusement posée sur un oreiller de satin, la tête d'une femme, peut-être sa bien aimée.

Siegfried

samedi 11 juin 2011

Maupassant

En me levant ce matin, je me suis décidé à poursuivre ma lecture Du Horla et autres récits fantastiques de Maupassant et je dois avouer que j'ai été particulièrement touché par la nouvelle Solitude, que voici :


SOLITUDE

    C'était après un dîner d'hommes. On avait été fort gai. Un d'eux, un vieil ami, me dit :
    - Veux-tu remonter à pied l'avenue des Champs-Élysées ?
    Et nous voilà partis, suivant à pas lents la longue promenade, sous les arbres à peine vêtus de feuilles encore. Aucun bruit, que cette rumeur confuse et continue que fait Paris. Un vent frais nous passait sur le visage, et la légion des étoiles semait sur le ciel noir une poudre d'or.
    Mon compagnon me dit :
    - Je ne sais pourquoi, je respire mieux ici, la nuit, que partout ailleurs. Il me semble que ma pensée s'y élargit. J'ai, par moments, ces espèces de lueurs dans l'esprit qui font croire, pendant une seconde, qu'on va découvrir le divin secret des choses. Puis la fenêtre se referme. C'est fini.
    De temps en temps, nous voyions glisser deux ombres le long des massifs ; nous passions devant un banc où deux êtres, assis côte à côte, ne faisaient qu'une tache noire.
    Mon voisin murmura :
    - Pauvres gens ! Ce n'est pas du dégoût qu'ils m'inspirent, mais une immense pitié. Parmi tous les mystères de la vie humaine, il en est un que j'ai pénétré : notre grand tourment dans l'existence vient de ce que nous sommes éternellement seuls, et tous nos efforts, tous nos actes ne tendent qu'à fuir cette solitude. Ceux-là, ces amoureux des bancs en plein air, cherchent, comme nous, comme toutes les créatures, à faire cesser leur isolement, rien que pendant une minute au moins ; mais ils demeurent, ils demeureront toujours seuls ; et nous aussi.
    On s'en aperçoit plus ou moins, voilà tout.
    Depuis quelque temps j'endure cet abominable supplice d'avoir compris, d'avoir découvert l'affreuse solitude où je vis, et je sais que rien ne peut la faire cesser, rien, entends-tu ! Quoi que nous tentions, quoi que nous fassions, quels que soient l'élan de nos coeurs, l'appel de nos lèvres et l'étreinte de nos bras, nous sommes toujours seuls.
    Je t'ai entraîné ce soir, à cette promenade, pour ne pas rentrer chez moi, parce que je souffre horriblement, maintenant, de la solitude de mon logement. A quoi cela me servira-t-il ? Je te parle, tu m'écoutes, et nous sommes seuls tous deux, côte à côte, mais seuls. Me comprends-tu ?
    Bienheureux les simples d'esprit, dit l'Écriture. Ils ont l'illusion du bonheur. Ils ne sentent pas, ceux-là, notre misère solitaire, ils n'errent pas, comme moi, dans la vie, sans autre contact que celui des coudes, sans autre joie que l'égoïste satisfaction de comprendre, de voir, de deviner et de souffrir sans fin de la connaissance de notre éternel isolement.
    Tu me trouves un peu fou, n'est-ce pas ?
    Écoute-moi. Depuis que j'ai senti la solitude de mon être, il me semble que je m'enfonce, chaque jour davantage, dans un souterrain sombre, dont je ne trouve pas les bords, dont je ne connais pas la fin, et qui n'a point de bout, peut-être ! J'y vais sans personne avec moi, sans personne autour de moi, sans personne de vivant faisant cette même route ténébreuse. Ce souterrain, c'est la vie. Parfois j'entends des bruits, des voix, des cris... je m'avance à tâtons vers ces rumeurs confuses. Mais je ne sais jamais au juste d'où elles partent ; je ne rencontre jamais personne, je ne trouve jamais une autre main dans ce noir qui m'entoure. Me comprends-tu ?
    Quelques hommes ont parfois deviné cette souffrance atroce.
    Musset s'est écrié :


Qui vient ? Qui m'appelle ? Personne.
Je suis seul. - C'est l'heure qui sonne.
O solitude ! - O pauvreté !

    Mais, chez lui, ce n'était là qu'un doute passager, et non pas une certitude définitive, comme chez moi. Il était poète ; il peuplait la vie de fantômes, de rêves. Il n'était jamais vraiment seul. - Moi, je suis seul !
    Gustave Flaubert, un des grands malheureux de ce monde, parce qu'il était un des grands lucides, n'écrivait-il pas à une amie cette phrase désespérante : "Nous sommes tous dans un désert. Personne ne comprend personne."
    Non, personne ne comprend personne, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise, quoi qu'on tente. La terre sait-elle ce qui se passe dans ces étoiles que voilà, jetées comme une graine de feu à travers l'espace, si loin que nous apercevons seulement la clarté de quelques-unes, alors que l'innombrable armée des autres est perdue dans l'infini, si proches qu'elles forment peut-être un tout, comme les molécules d'un corps ?
    Eh bien, l'homme ne sait pas davantage ce qui se passe dans un autre homme. Nous sommes plus loin l'un de l'autre que ces astres, plus isolés surtout, parce que la pensée est insondable.
    Sais-tu quelque chose de plus affreux que ce constant frôlement des êtres que nous ne pouvons pénétrer ! Nous nous aimons les uns les autres comme si nous étions enchaînés, tout près, les bras tendus, sans parvenir à nous joindre. Un torturant besoin d'union nous travaille, mais tous nos efforts restent stériles, nos abandons inutiles, nos confidences infructueuses, nos étreintes impuissantes, nos caresses vaines. Quand nous voulons nous mêler, nos élans de l'un vers l'autre ne font que nous heurter l'un à l'autre.
    Je ne me sens jamais plus seul que lorsque je livre mon coeur à quelque ami, parce que je comprends mieux alors l'infranchissable obstacle. Il est là, cet homme ; je vois ses yeux clairs sur moi ; mais son âme, derrière eux, je ne la connais point. Il m'écoute. Que pense-t-il ? Oui, que pense-t-il ? Tu ne comprends pas ce tourment ? Il me hait peut-être ? ou me méprise ? ou se moque de moi ? Il réfléchit à ce que je dis, il me juge, il me raille, il me condamne, m'estime médiocre ou sot. Comment savoir ce qu'il pense ? Comment savoir s'il m'aime comme je l'aime ? et ce qui s'agite dans cette petite tête ronde ? Quel mystère que la pensée inconnue d'un être, la pensée cachée et libre, que nous ne pouvons ni connaître, ni conduire, ni dominer, ni vaincre !
    Et moi, j'ai beau vouloir me donner tout entier, ouvrir toutes les portes de mon âme, je ne parviens point à me livrer. Je garde au fond, tout au fond, ce lieu secret du Moi où personne ne pénètre. Personne ne peut le découvrir, y entrer, parce que personne ne me ressemble, parce que personne ne comprend personne.
    Me comprends-tu, au moins, en ce moment, toi ? Non, tu me juges fou ! tu m'examines, tu te gardes de moi ! Tu te demandes : "Qu'est-ce qu'il a, ce soir ?" Mais si tu parviens à saisir un jour, à bien deviner mon horrible et subtile souffrance, viens-t'en me dire seulement : Je t'ai compris ! et tu me rendras heureux, une seconde, peut-être.
    Ce sont les femmes qui me font encore le mieux apercevoir ma solitude.
    Misère ! Misère ! Comme j'ai souffert par elles, parce qu'elles m'ont donné souvent, plus que les hommes, l'illusion de n'être pas seul !
    Quand on entre dans l'Amour, il semble qu'on s'élargit. Une félicité surhumaine vous envahit. Sais-tu pourquoi ? Sais-tu d'où vient cette sensation d'immense bonheur ? C'est uniquement parce qu'on s'imagine n'être plus seul. L'isolement, l'abandon de l'être humain paraît cesser. Quelle erreur !
    Plus tourmentée encore que nous par cet éternel besoin d'amour qui ronge notre coeur solitaire, la femme est le grand mensonge du Rêve.
    Tu connais ces heures délicieuses passées face à face avec cet être à longs cheveux, aux traits charmeurs et dont le regard nous affole. Quel délire égare notre esprit ! Quelle illusion nous emporte !
    Elle et moi, nous n'allons plus faire qu'un, tout à l'heure, semble-t-il ? Mais ce tout à l'heure n'arrive jamais, et, après des semaines d'attente, d'espérance et de joie trompeuse, je me retrouve tout à coup, un jour, plus seul que je ne l'avais encore été.
    Après chaque baiser, après chaque étreinte, l'isolement s'agrandit. Et comme il est navrant, épouvantable.
    Un poète, M. Sully Prudhomme, n'a-t-il pas écrit :


Les caresses ne sont que d'inquiets transports,
Infructueux essais du pauvre amour qui tente
L'impossible union des âmes par les corps...

    Et puis, adieu. C'est fini. C'est à peine si on reconnaît cette femme qui a été tout pour nous pendant un moment de la vie, et dont nous n'avons jamais connu la pensée intime et banale sans doute !
    Aux heures mêmes où il semblait que, dans un accord mystérieux des êtres, dans un complet emmêlement des désirs et de toutes les aspirations, on était descendu jusqu'au profond de son âme, un mot, un seul mot, parfois, nous révélait notre erreur, nous montrait, comme un éclair dans la nuit, le trou noir entre nous.
    Et pourtant, ce qu'il y a encore de meilleur au monde, c'est de passer un soir auprès d'une femme qu'on aime, sans parler, heureux presque complètement par la seule sensation de sa présence. Ne demandons pas plus, car jamais deux êtres ne se mêlent.
    Quant à moi, maintenant, j'ai fermé mon âme. Je ne dis plus à personne ce que je crois, ce que je pense et ce que j'aime. Me sachant condamné à l'horrible solitude, je regarde les choses, sans jamais émettre mon avis. Que m'importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis désintéressé de tout. Ma pensée, invisible, demeure inexplorée. J'ai des phrases banales pour répondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit : "Oui", quand je ne veux même pas prendre la peine de parler.
    Me comprends-tu ?

    Nous avions remonté la longue avenue jusqu'à l'Arc de triomphe de l'Étoile, puis nous étions redescendus jusqu'à la place de la Concorde, car il avait énoncé tout cela lentement, en ajoutant encore beaucoup d'autres choses dont je ne me souviens plus.
    Il s'arrêta et, brusquement, tendant le bras vers le haut obélisque de granit, debout sur le pavé de Paris et qui perdait, au milieu des étoiles, son long profil égyptien, monument exilé, portant au flanc l'histoire de son pays écrite en signes étranges, mon ami s'écria :
    - Tiens, nous sommes tous comme cette pierre.
    Puis il me quitta sans ajouter un mot.
    Était-il gris ? Était-il fou ? Était-il sage ? Je ne le sais encore. Parfois il me semble qu'il avait raison ; parfois il me semble qu'il avait perdu l'esprit.

31 mars 1884



Source: http://maupassant.free.fr/textes/solitude.html


Je trouve cette nouvelle pleine de bon sens, libre à nous de l’interpréter à notre façon.

lundi 6 juin 2011

Lecture du moment :


En ce début de mois de juin, il m'a fallu trouver de quoi apaiser mon appétit de lecture. Ayant du mal à venir à bout de La comtesse sanglante, et n'ayant plus grand chose à me mettre sous la dent, j'ai décidé de ressortir quelques vieux livres lus au lycée, le premier étant Le Horla et autres récits fantastiques de Maupassant.
Je ne me rappelle que très vaguement de son contenu et je sais qu'à l'époque, nous nous étions cantonnés
 au Horla, laissant de coté les autres nouvelles. Qu'à cela ne tienne! je vais remédier à cette infamie.

Mise à jour du 06/06/2011 :

Me voila, une centaine de pages plus loin, à me demander pourquoi je ne m'étais pas intéresser à ce livre dans son intégralité.  Hormis conte de noël et Mademoiselle cocotte, j'ai vraiment apprécié les différentes nouvelles de ce recueil. La folie, la peur, la mort et l'inexplicable sont autant de thèmes dont use l'auteur, avec une aisance déconcertante, comme s'il parlait à chaque fois en connaissance de cause.


Mise à jour du 07/07/2011 :

Je viens d'en finir avec Suicide, une nouvelle fort sympathique et très touchante.
             Mon revolver est là, sur la table... Je l'arme... Ne rrelisez jamais vos vieilles lettres. Et voila comment se tuent beaucoup d'hommes dont on fouille en vain l'existence pour y découvrir de grands chagrins.

J'apprécie tout particulièrement la retenue dont il fait preuve lorsqu'il est question de sentiments et des rapports entres les hommes et les femmes, se tournant vers le platonisme. 
Cet auteur, comme beaucoup d'autres, devait être des plus tourmentés, mais cela n'est peut-être qu'un mal pour un bien. Qu'en pensez-vous?

vendredi 3 juin 2011

Lorsque soufflera le vent...

Lorsque soufflera le vent ...



Les temps sont rudes mais rien ne laissait présager ce qui venait d'arriver au jeune Frédéric . Il y a de cela quelques semaines, nous le voyions encore plein de fougue et d'ardeur, aspirant aux rêves les plus fous et vantant les extravagances les plus inaudibles. Comment pouvions-nous imaginer que ce jeune écrivain, mi nostalgique mi précurseur, aurait pu en arriver là?
Lorsque la nouvelle est tombée, peu d'entre nous y ont porté attention. Après tout, des rumeurs de ce genre il en va, il en vient, des dizaines chaque semaines. La vieille encore, il nous parlait de son chef-d'œuvre, celui qui le révèlerait au monde et qui ferait de lui ce à quoi il aspirait le plus. Il en parlait avec fierté et c'est avec une pointe d'arrogance qu'il tentait de nous le résumer. Son roman; combien de fois lui avons nous demandé s'il touchait au but, ce à que il répondait sur l'instant, le sourire aux lèvres : « Mes amis, il vous faut savoir que le temps est un animal difficilement domptable. C'est avec patience et retenue qu'il faut s'en approcher, jamais de face, jamais de dos. Il est nécessaire de faire un choix et de s'y tenir, l'approche latérale étant l'unique chance que nous ayons. Ici, il n'est en aucun cas question de tenir le taureau par les cornes, ce serait pure folie que d'espérer pouvoir lui dicter sa conduite par la force. Si comme moi vous souhaitez mener à bien vos rêves et vos projets, alors il vous faudra faire preuve d'intelligence et de sacrifice. Je touche effectivement au but mais ma raison me souffle qu'il n'est pas encore temps. Mon rêve est au placard jusqu'à la venue de mon heure. »
Nous n'osions jamais le couper dans son élan; il laissait transparaitre une telle assurance et une telle passion qu'il nous était impossible de le ramener à la réalité. Pour être honnête, nous pensions tous plus ou moins fort qu'il souffrait de mythomanie et d'une forme avancée de complexe de supériorité, mais aucun de nous ne fit le premier pas en disant à haute voix ce qui l'aurait très certainement anéanti. Avec le recul, je pense que nous avons fait une erreur. Peut-être sommes-nous pour quelque chose dans l'horrible épreuve qu'il lui a fallu endurer; un mal le rongeait, un mal que régalait notre silence et que l'inaction poussa à la plus violente des attaques. Aujourd'hui nous ne pouvons plus revenir en arrière, aujourd'hui nous sommes en deuil.
Il était le brin de folie que nous n'avions pas, le rêveur affirmé que nous reniions et le jeune homme agaçant dont nous ne pensions jamais être débarrassés. C'est ainsi, la roue a tourné, les dés sont jetés. J'ai perdu un fils, un ami et un voisin, en somme il est parti gagnant. Un jour peu-être, son nom réapparaitra dans les livres d'histoire, ou dans les conversations inter-générationnelles, et ce jour là son rêve sera exaucé.
Je me souviens à présent de ses dernières paroles qui, malheureusement pour lui, n'avaient plus rien de censé. En effet, je l'avais surpris un soir, au coin du feu, à se parler lui-même dans ces termes : « Nous voilà liés, attachés et enchevêtrés pour l'éternité. Ce mal qui te hantait t'a-t-il enfin quitté? Après tout, n'est-ce pas là ce dont tu rêvais? Tu l'as souhaité et voilà que je te l'offre, sans extravagance ni aucune animosité. » Il répéta cela jusqu'à la fin. On venait de lui faire le plus magnifique des présents, mais lui, dans sa bêtise, il ne l'avait pas compris.
Cet après-midi je me rend sur sa tombe. Peut-être me remerciera-t-il enfin... Ses pages étaient blanches, mais d'un coup, et un seul, je lui ai offert la postérité...

Siegfried

dimanche 29 mai 2011

Hymne à l'impatience...

 
 
 
 
 
Ô impétueuse prêtresse! Que caches-tu en ton sein?
La délicatesse de tes attentions n'est qu'un écran de fumée qu'il nous faut balayer d'un revers de la main. Tu portes la marque! Cela me touche et m'affecte. Je frémis, je m'égare et je finis par perdre la tête. Rien n'est dit mais tout se sait. J'ai appris à te connaître. Il nous frappait, ses flèches nous brulaient, et pourtant nous nous obstinions à lui faire face, jouant nos propres rôles, nous perdant dans d'insouciantes élégies. Le temps s'est arrêté, un instant lui suffit. Ce diabolique mécanisme me trahit, moi, son fidèle artisan! J'ai tant fait et tant donné; de l'ardeur et de l'ingéniosité, qu'attendait-il de plus? Je finirai par dompter ce cruel animal. Tu causeras sa perte, sans regret, aucun, tout comme tu me consumes, à tes propres fins. Je ne sais trop que penser. L'impatience me ronge!

mercredi 27 avril 2011

Pratique à part.


Voila la machine "künstler" que j'ai réalisé dans le cadre de mon séminaire atelier, dans le but de répondre à un sujet intitulé "Bis repetita"






Pratique à part.

En souvenir de cette année :





vendredi 25 mars 2011

Pratique à part




Je prend quelques minutes pour vous parler d'un genre que j'affectionne tout particulièrement. Il s'agit du genre épistolaire, et ce, sous toutes ses formes. Je ne parle pas seulement de romans ou de recueils que l'histoire nous aura légué, face auxquels nous ne sommes que de simples spectateurs, souvent  voyeurs, car je m'intéresse également à la pratique de cette forme de communication et d'échange, pleine de vérité et de passion.

Il y a certaines choses qu'il est préférable d'écrire et j'avoue que je suis bien plus à l'aise lorsqu'il s'agit de coucher des mots sur le papier. Cette forme de communication est passionnante. En effet, comment ne pas apprécier l'attente d'une réponse, l'excitation au moment de déchirer l'enveloppe...

Je sais qu'il n'y a pas grand intérêt à parler de cela ici, mais je tenais à prendre quelques minutes pour évoquer une pratique que je ne peux pratiquer.

Lecture du moment :Le Voyage d'hiver

Le voyage d'hiverLe voyage d'hiver by Amélie Nothomb

My rating: 5 of 5 stars


Encore un Amélie Nothomb? Cela frise le fanatisme!

Rassurez-vous, il n'en est rien (quoi que...). Il s'agit simplement d'un auteur que j'affectionne tout particulièrement et à coté duquel je ne peux pas passer.

Je l'ai lu d'une traites, au réveil ce matin, c'est pour dire à quelle vitesse je l'ai dévoré. Du coté du style, rien de neuf sous les cocotiers, si je puis dire. L'histoire est toujours encrée dans une réalité que nous reconnaissons, aidée par quelques éléments d'actualité, et les personnages sont toujours du même acabit.


Vous l'aurez compris, il s'agit d'un ouvrage dans la lignée des précédents, mais c'était sans compter sur la fin. Que va-t-il se passer? Passera-t-il à l'acte?

Démagogie, sadisme, jalousie, amour et passion sont les mots d'ordre. Nous nous trouvons face à une histoire d'amour à trois, entre un agent d'EDF, une écrivain autiste, et la beauté qui s'en occupe. Jaloux et possessif, ne supportant pas la cohabitation avec le handicape et la frigidité, l'amant, amoureux transit, fini par devenir haineux et organise un attentat...
Je n'en dirais pas plus.



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lundi 14 mars 2011

Lecture du moment : The Legend of Sleepy Hollow and Rip Van Winkle




"A la fin du XVIIIe siècle, un vallon ensommeillé sur les bords de l'Hudson où vit une paisible communauté d'origine hollandaise... La légende qui s'y colporte d'un fantômatique cavalier furieux vient à menacer la quiétude de ses habitants. On raconte qu'il décapite dans sa course folle tous ceux qu'il rencontre, et lui-même serait sans tête... Sur un ton parodique, Washington Irving (1783-1859) brocarde un rêve américain qui tourne rapidement au cauchemar. La Légende du cavalier sans tête constitue une surprenant mélange d'enchantement et de fantastique. Tim Burton s'est approprié cet univers pour en donner une version très noire dans son dernier film, Sleepy Hollow." (source: chapitre.com)


Il s'agit là d'une lecture quelque peu particulière et cela n'a bien évidemment rien à voir avec l'œuvre choisie. En fait, l'originalité de mon entreprise provient de la langue, puisque je me suis procuré cet ouvrage en version originale. Cela n'est pas dû à une de mes fantaisies, mais il s'agit de faire d'une pierre deux coups, étant donné qu'il me faut lire un livre en anglais. J'en ai donc profité pour choisir une oeuvre qui m'intéresse et que je ne connais qu'au travers du film de Monsieur Burton.

vendredi 11 mars 2011

Détails anodins :


"A la mort de son mari, la comtesse Elizabeth Bathory se retrouve à la tête d'un vaste domaine et d'une immense fortune.Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Elizabeth étend progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle. Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse. Mais celui-ci l'abandonne.Certaine d'avoir été délaissée car elle n'était plus assez jeune et belle, Elizabeth sombre progressivement dans la folie et se persuade que le sang de jeunes vierges lui procurera jeunesse et beauté. Débute alors une série d'actes sanglants, à la recherche de la jeunesse éternelle." (Source: première)


Alors voila, je vais vous parler d'un film que j'ai regardé aujourd'hui. Il s'agit de La comtesse, réalisé par Julie Delpy, sorti en 2010. Je ne reviendrais pas sur ce qui est énoncé dans le résumé ci-dessus, mais je vous encourage vivement à y jeter un œil, d'autant plus si, comme moi, vous affectionnez les films d'"Histoire", et ce personnage fascinant qu'est Madame Bathory. Je ne savais pas grand chose à son sujet si ce n'est ce que j'ai pu lire sur wikipédia ainsi que dans Dracula l'immortel.
Outre le contexte, les personnage et l'époque, j'ai beaucoup apprécié la position particulière qu'à pris le réalisateur vis à vis de la comtesse, en souhaitant l'humaniser, la dépeindre comme une femme forte et faible à la fois, comme un bourreau et une victime. Ce film nous pose des questions de morale, de justice et d'éthique. Qui sont les vrais criminels? Quel péché ou vice est le plus horrible?



jeudi 10 mars 2011

Lecture du moment : Le chef-d'oeuvre inconnu


"A Paris, au début du xviie siècle, trois peintres devisent de leur art. L'un est un jeune inconnu, promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste officiel de feu le roi Henri IV, est, lui, dans la plénitude de son talent et au faîte de la renommée. Le troisième, maître Frenhofer, personnage plein de mystère qui a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons, met la dernière main dans le plus grand secret à un bien mystérieux «chef-d'oeuvre». Il faudra que Gillette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal cherché en vain depuis des années, soit admise dans l'atelier du peintre pour que, y pénétrant derrière elle, Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret. Et cette découverte les plongera dans la stupéfaction.Ce «conte fantastique» à la manière d'Hoffmann est aussi une méditation sur le pouvoir de l'esprit dans le domaine de l'art. Il prend naturellement sa place parmi les Etudes philosophiques de La Comédie humaine. "


Ayant lu un extrait tiré de cette nouvelle, j'ai voulu en savoir plus. Je me suis donc procuré ce petit recueil de nouvelles que l'on doit à l'illustre Honoré de Balzac, dont l'œuvre ne m'est pas très familière.

Mise à jour du 13/03/2011 :

La principale nouvelle de ce recueil est passée comme une lettre à la poste, pour ainsi dire. Je savais plus ou moins à quoi m'attendre et je n'ai pas été déçu.
Que faut-il penser lorsqu'un artiste de génie, au talent mille fois reconnu, présente le chef d'œuvre de sa vie, sur lequel il aura passé près d'une dizaine d'année, et qu'il s'avère que le résultat n'est qu'un amas de tâches et de lignes au cœur duquel on peut distinguer un pieds des plus réalistes?
Toute l'histoire tourne autour de la peinture et de sa quête de perfection. Elle doit donner la vie et ne pas copier. Frenhofer, le maître en la matière, joue au donneur de leçon, car selon ses dires, l'oeuvre ne  doit plus représenter le sujet, mais l'être tout bonnement.

Je sais pertinemment que cette nouvelle n'est pas des plus passionnantes, et qu'elle n'intéressera que ceux qui baignent dans le monde de la peinture, mais toute lecture n'est-elle pas bonne à prendre ? 

mercredi 9 mars 2011

Lecture du moment : Le fait du prince








« Existe-t-il vacances plus profondes que de prendre congé de soi-même ? »
Baptiste Bordave voit mourir sur le seuil de sa porte un inconnu dont il décide de prendre l’identité.
Même âge, même aspect physique, mais le mort est riche, possède Jaguar, villa de luxe, épouse blonde et superbe… Devenu Olaf Sildur sans état d’âme, Baptiste espère couler des jours heureux à boire du champagne avec la veuve qui admet sa présence avec un naturel confondant.
Un conte moral (ou amoral, selon la lecture qu’on en fait) qu’il faut appréhender comme une sorte de fantasme universel, un conte de fées pour grandes personnes puisque le héros, de banal et commun, devient une sorte de maître du monde, de maître de son monde (richesse, ivresse, beauté…).
Maniant paradoxes, assertions et semi-vérités, Amélie Nothomb nous livre sa vision de l’utopie à deux où la liberté, le non faire et l’imprévisible sont rois, et le champagne le meilleur remède pour vivre heureux ! 


Déçu par Le château des Carpathes, j'ai eu envi de me tourner vers une valeur sûre. C'est ainsi que mon choix s'est porté vers Le fait du prince, un de ses rares ouvrages que je n'ai pas encore lu.

La situation rocambolesque est mise en place dès les premières pages et son style est toujours plaisant; après Jules Verne, c'est amplement suffisant.

Mise à jour du 10/03/2011:


Le fait du prince m'a convaincu, et cela n'a rien d'étonnant. En effet, hormis La métaphysique des tubes, j'ai vraiment apprécié le travail d'Amélie Nothomb.
Cet ouvrage pose un certains nombre de questions. Ne souhaiterions-nous pas changer de vie, repartir à zéro et quitter la monotonie de notre quotidien, pour vivre une aventure au jour le jour, une aventure faite de danger, de mystères et d'insouciance? Refuserais-je de laisser tomber ma condition d'employé de bureau solitaire, au profit de celle d'un riche suédois?
L'auteur m'a mainte fois prouvé qu'elle savait mettre en scène des situations originales et inattendues, empruntes de paranoïa et d'une certaine forme de naïveté.
Comment réagiriez-vous, si un parfait inconnu venait mourir chez vous?

De plus, au-delà de ces considérations, ce livre nous parle des vices et de la petitesse des bourgeoises, et aussi, chose intéressante étant donné que cela touche à un de mes domaines d'étude, il est question de l'art contemporain et de l'incompréhension qu'il suscite, incompréhension que je partage.

Je finirais par une petite citation faisant référence à notre au fait que chacun d'entre nous peut trouver sa voie, et que celle-ci peut être des plus inattendues.

Sigrid contemplait interminablement la blancheur et je croyais savoir à quoi elle pensait. Pour moi, ce blanc était celui de la page vierge que j'avais conquise.

Travail à part





Voila un autoportrait réalisé à l'aquarelle sur format Grand-aigle (110x75cm), dans le cadre de mon cours de représentation. Le sujet était "Moi en quête de style".


Bien-entendu, nos profs ne sont jamais satisfaits, mais qu'importe.


lundi 28 février 2011

Lecture du moment : Le chateau des Carpathes.



Comme vous l'aurez compris, je me suis lancé dans la lecture du "Château des Carpathes" de l'illustre Jules Verne, dont, n'ayant pas honte de l'avouer, je ne suis pas particulièrement féru. La référence à Dracula m'a bien évidemment poussé à m'attaquer à cette ouvrage particulièrement bien illustré.
 Ceux et celles d'entre vous qui suivent un tant soit peu mes lectures se demanderont certainement pourquoi elles ne sont pas plus contemporaines, ce à quoi je pourrais rétorquer: "Il est plus facile de trouver de bons ouvrages parmi les classiques et ceux que l'Histoire aura retenu, que de tirer le bon du mauvais, au sein de la production littéraire contemporaine" (ce qui ne signifie absolument pas qu'il n'y a pas de superbe ouvrages contemporains). Mais rassurez-vous, je commence petit à petit à me mettre à la page en fouinant à droite et à gauche et en épluchant les impressions que je peux trouver.

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Ma lecture étant bien avancée, je vous ferais bientôt part de mes impressions.

Mise à jour du 25/03/2011:



Alors voila, s'en est fini du "Château des Carpathes", et je dois avouer que mon avis reste assez mitigé. En effet, ne sachant pas trop à quoi m'attendre, je me suis lancé en gardant quelque part dans ma tête le fantôme de Dracula ( comment ne pas y penser alors qu'il est question de la Transylvanie, de créatures et d'expédition? ), ce qui, au final, n'a pas joué en faveur de ce roman. 
Je ne vais pas faire un résumé de cet ouvrage, mais je vais énoncer quelques-unes de mes impressions. 
Jules Verne est un très bon écrivain, c'est un fait, il manie bien le langage, use d'un vocabulaire aussi précis que varié, et couche sur le papiers des descriptions rondement menées. Malgré cela, j'ai trouvé ce livre assez ennuyeux, il ne s'y passe pas grand chose, cela étant dû à l'omniprésence des descriptions, des détails insignifiants, qu'ils soient d'ordre géographiques, topologiques ou sociologiques. Cette région de la Transylvanie qu'on nous présente est à des années lumières de ce à quoi j'ai pu m'attendre, tout comme les personnages que l'on peut y trouver. Tout est d'une assommante banalité.
Amateurs de romans noirs et de créatures en tout genre, passez votre chemin. 
 

vendredi 14 janvier 2011

Le portrait de Siegfried Hart [suite]



Voila les 8 premiers chapitres du Portrait de Siegfried Hart.
Toute critique et tout avis est utile et souhaité. 

Merci d'avance.


Voila le lien pour télécharger le fichier texte.
http://dl.free.fr/getfile.pl?file=/easpjLI1
(fichier vérifié à télécharger au format .odt sur free.)
 
Des identifiants sont demandés, tapez siegfried pour le nom et pour le mot de passe aussi. 

lundi 10 janvier 2011

Lecture du moment : Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister




Comme le titre de cette publication l'indique, ma prochaine lecture marquera un retour à Goethe. En effet, après Les souffrances du jeune Werther, c'est au tour Des années d'apprentissage de Wilhelm Meister datant de 1795.

Ne l'ayant pas sur moi pour le moment étant donné que je suis rentré chez moi pour cette semaine de "vacances", je tâcherais de reprendre l'écriture Du portrait de Siegfried Hart, histoire de faire passer le temps.


Avant d'en finir avec cette publication, je souhaiterais parler des deux livres qui m'ont été offerts pour noël, à savoir :  La reliure de Josep Cambras et Napoléon : Sa vie, ses batailles, son empire.